Synopsis Les enfants de Belle ville
C’est le jour de
l’anniversaire d’Akbar, qui fête ses dix-huit ans dans une prison pour mineurs.
Ayant atteint la majorité, son exécution pour le meurtre d’une jeune fille dont
il était amoureux est imminente. Ala, son ami du pénitencier, se lance dans une
tentative désespérée pour le sauver de la potence. Avec la sœur de Akbar,
Fairouz, il tente d’obtenir la grâce du père de la fille tuée, qui dans le droit
islamique peut renoncer à la loi du talion si le meurtrier paie le prix du
sang. Mais le père se montre intransigeant, et malgré la mobilisation de toutes
les ressources théologiques et sociales pour obtenir la grâce, les deux
personnages, qui commencent à s’aimer, n’arrivent à leur fin que grâce à un
autre prix à payer, celui pour Ala d’accepter d’épouser la fille handicapée de
…, et de renoncer par-là à son amour
pour Fairouz.
Synopsis
Une séparation
Simin commence une procédure de divorce car son mari, Nader,
ne veut pas la suivre à l'étranger en compagnie de leur jeune fille de onze
ans, Termeh. Nader engage une aide-soignante, Razieh, pour s'occuper de son
vieux père atteint de la maladie d'Alzheimer . La jeune femme est enceinte mais le
dissimule sous son tchador. Un jour, Razieh laisse le vieil homme
sans surveillance : Nader, rentré plus tôt, la congédie. Razieh réclame le
paiement de ses heures travaillées. Nader la repousse violemment sur le
palier ; celle-ci tombe dans l'escalier. La jeune femme fait une fausse
couche et intente avec son mari un procès à Nader. Celui-ci, sous la pression
de Simin, accepte finalement de leur offrir une compensation financière en
contrepartie de leur renonciation au procès. Mais Razieh, qui est très pieuse,
ne peut taire plus longtemps le secret de sa fausse couche qu’elle avoue à
Simin.
Eléments d'analyse
Les deux films d’Asghar
Farhadi avancent par des dilemmes moraux successifs, que les personnages
doivent affronter tour à tour dans la solitude de leur conscience individuelle.
Dans Les Enfants de Belle ville, les personnages principaux sont chacun face
à un choix cornélien : le père, qui doit choisir entre accorder la grâce
au tueur de sa fille, Akbar en acceptant le prix du sang que sa famille est
prête à payer ou continuer à exiger avec la même intransigeance sa mise à
mort ; Fairouz, la sœur du tueur, qui doit choisir entre son amour pour
Ala, l’ami de Akbar et le salut de son frère ; Ala enfin, qui aussi est
acculé à un choix entre son amour pour Fairouz et la grâce de son meilleur ami.
Le même principe
est à l’œuvre dans le film Une séparation. Tour à tour, Nader, Simin,
Razieh et même Termeh se retrouvent face à un choix moral difficile et
insupportablement déchirant. Nader doit choisir entre la tranquillité de sa
famille, mise à rude épreuve par son incarcération et son procès, et son sens
de la justesse de ses actes, sa conviction de n’être pas coupable de la fausse
couche de la jeune femme ; celle-ci doit choisir entre le sauvetage de son
couple par l’argent que Nader est finalement prêt à lui verser ainsi qu’à son
mari pour les dédommager de leur perte, et les préceptes religieux qui lui
interdisent de mentir sur la cause de sa fausse couche, occasionnée non pas par
la chute dans l’escalier mais par un accident dans la rue. Termeh également est
obligée de choisir entre l’honnêteté, qui l’oblige à dire la vérité au juge, et
son amour pour son père qui la mène plutôt vers le mensonge pour qu’il n’aille
pas en prison.
Que ce soit dans
Les enfants de Belle ville ou dans Une séparation, le dilemme
oppose souvent des valeurs morales et des pulsions intimes, les personnages
oscillant entre des principes qui leur ont été inculqués, des concepts
abstraits et néanmoins ancrés dans leur conscience, et la recherche de leurs
propres intérêts, de leur quête d’un salut individuel. La vérité, l’honnêteté,
la justice, la responsabilité sont les concepts clés qui leur tiennent lieu de
guide, et qui s’opposent à d’autres penchants tout aussi importants et
nécessaires : l’amour, que ce soit dans le couple ou dans la
famille ; la solidarité familiale ou la sortie de la misère.
Dans les deux
films, il y’a un prix à payer, un prix terrible qui ne fait qu’accentuer le
questionnement moral que les personnages ne cessent de vivre. C’est sans doute Les
enfants de Belleville qui représente le mieux cette problématique : on
y apprend par exemple qu’en Iran, qui applique une interprétation très stricte
de la Sharia, la peine de mort peut être commuée si le plaignant se rétracte, à
condition que le meurtrier ou sa famille paient le prix du sang versé (ce
qu’on appelle D’ia en droit islamique); et ce prix n’est pas le même
pour un homme que pour une femme. Ainsi, le père, pour faire exécuter Akbar,
doit payer la différence entre le sang de sa fille et celui du jeune homme. Les
personnages sont ainsi pris entre deux feux : le quadrillage très strict
des consciences et des vies par les préceptes religieux d’une part, et la
tractation à l’œuvre dans le droit islamique qui laisse une grande marge de manœuvre
à chacun pour décider du sort d’un être.
Sur le plan
esthétique, ce dilemme se traduit par l’alternance entre les champs contre
champs et les plans resserrés sur un seul personnage. Dans le premier registre,
on voit les personnages dialoguer ou s’affronter autour des questions existentielles
qui mettent en jeu leur sort et leur vie même ; et dans un second temps,
le cinéaste les isole, par un gros plan sur leur visage à l’expression
changeante, dans cette solitude de l’âme livrée à elle-même, et que ni les
préceptes religieux ni les normes juridiques ne délivrent de la question du
choix.
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